Les bastides, moteur d’innovation et de coexistence
Un espace d’échanges et de rencontres culturelles
Les bastides, au carrefour de plusieurs territoires et influences, facilitent les contacts entre communautés : chrétiens, juifs (souvent actifs dans le prêt, le négoce), et parfois même musulmans (notamment artisans ou commerçants itinérants du Sud). Ce brassage favorise l’émergence de pratiques économiques et sociales nouvelles.
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À Tournon-d’Agenais comme ailleurs, certains actes des XIV et XV siècles mentionnent des marchands limousins (tanneurs, drapiers), des juifs bordelais et des marchands tolosans venus s’installer dans la bastide.
Développement des métiers et spécialisation artisanale
L’apport principal des bastides au tissu local est la diversification du travail. Outre les activités agricoles traditionnelles, le commerce permet l'essor de métiers nouveaux :
- Drapiers, tisserands et tailleurs,
- Forgerons, potiers, tonneliers (activité viticole autour de Tournon),
- Marchands d’épices et importateurs d’objets raffinés,
- Notaires et changeurs.
À la fin du XIII siècle, on recense dans certaines bastides environ un tiers d’artisans et commerçants contre seulement 10 à 15 % dans les campagnes environnantes (source : J.-L. Laffont, “Bastides, naissance d’un paysage urbain médiéval”, Revue d’Histoire Moderne et Contemporaine).
Structures éducatives, religieuses et hospitalières
Le schéma type de la bastide prévoit systématiquement la construction rapide d’une église, d’un presbytère, parfois d’un collège ou d’un hôpital. À Monpazier comme à Tournon-d’Agenais, la présence d’un “hôpital” (souvent simple hospice) dès le XIV siècle témoigne d’une volonté d’organiser la solidarité locale.