Que reste-t-il aujourd’hui des remparts ?
Plus de sept siècles ont passé. Guerres, transformations urbaines et réutilisation des pierres ont eu raison de la quasi-totalité de l’enceinte originelle. Pourtant, des traces concrètes demeurent, discrètes mais éloquentes pour qui sait les repérer. Les vestiges aujourd’hui visibles forment un fil conducteur, reliant le visiteur à l’histoire agitée de Tournon-d’Agenais.
1. La Porte de la Lède : dernier témoin d’une défense active
Seule porte subsistante parmi les quatre originelles (Porte de la Lède, Porte du Mercadiol, Porte de la Barbacane, Porte Neuve), la Porte de la Lède témoigne de l’importance stratégique accordée aux points d’accès. Il s’agit de l’un des plus anciens vestiges de la bastide :
- Structure : un arc en plein cintre en pierre calcaire, surmontant un passage piéton et charretier.
- Éléments défensifs : vestiges d’un assommoir, rainures de herse, et traces d’emplacement de vantaux de bois (source : Inventaire du patrimoine, Région Nouvelle-Aquitaine).
- Situation : au nord-est de la bastide, sur le chemin vers la vallée de la Séoune et les anciens axes marchands.
Restaurée au début du XXI siècle, la Porte de la Lède permet d’imaginer le contrôle rigoureux des accès à la ville et la vigilance en temps de troubles.
2. Les murailles intégrées au bâti urbain
Si le rempart n’existe pratiquement plus à l’état isolé, de nombreux segments sont dissimulés dans les maisons qui longent la limite du bourg ancien. Les indices ne manquent pas :
- Murs épais (jusqu’à 1,20 m par endroits) au nord et à l’est du village
- Pierres à bossage, parfois réemployées dans des élévations plus récentes
- Fenêtres à meurtrières ou étroites ouvertures encore visibles dans certaines caves ou greniers
La rue des Remparts (au nord-ouest) illustre cette intégration. Selon le service régional de l’Inventaire, plusieurs façades présentent un alignement caractéristique hérité de l’ancienne enceinte. On remarque notamment que la base de certains bâtiments « moderne » (seconde moitié du XIX siècle) repose sur l’assise des anciens murs fortifiés.
3. Des tours disparues, mais des traces persistantes
Quatre tours d’angle ponctuaient le rempart et servaient à la fois de points de défense et d’alerte. Aujourd’hui, leur silhouette s’est effacée, mais quelques éléments en révèlent encore la mémoire :
- Courbes anormales dans le tracé des rues (notamment à l’est de la place de la Mairie, ancienne tour orientale)
- Soustructures circulaires dans certaines caves et jardins privés (source : témoignages recueillis lors des journées européennes du patrimoine)
- Photographies anciennes (début XX siècle) montrant des pans de murs plus hauts à la jonction de ruelles perpendiculaires à la place